L’amnésie, concept maintes fois exploité et surexploité de la fiction et du jeu vidéo notamment. Combien de héros de RPG où de jeux d’aventures ont ainsi commencé sans se souvenir même de leur nom avant de finalement sauver le monde, se révélant être au passage un personnage illustre hérité ou réincarnation d’une lignée puissante…Mais la perte de mémoire est-elle forcément un mauvaise nouvelle ? N’est-elle parfois pas un moyen de débuter une nouvelle vie ? Et quid des souvenirs oubliés ? Leur retour ne risque-t-il pas d’écraser au passage la nouvelle personnalité crée ?
C’est autour de ces question que j’ai eu aujourd’hui envie de mettre en avant deux titres un peu particuliers et que j’aime beaucoup, les amateurs de baston peuvent s’arrêter là puisqu’il s’agit de titres réalistes et basés sur de la romance.

Le premier titre est Golden Time, le light novel de Yuyuko Takemiya illustré par Eji Komatsu édité par ASCII Media Works au Japon et plus précisément dans mon cas de son adaptation en anime par JC Staff en 2013 (24 épisodes chez Crunchyroll.fr). Je préviens direct que je vais spoil un peu l’histoire assez rapidement sinon le résumé serait un peu fade à mon sens.

Golden Time c’est l’histoire de Tada Banri : à la fin du lycée, le jour de la remise des diplômes il s’est enfin décidé à déclarer sa flamme à Linda sa meilleure amie dont il est amoureux depuis longtemps ne voulant pas être séparé d’elle maintenant que leur scolarité commune se termine. Attendant la réponse de la jeune femme sur un pont en bois non loin de chez lui, il est alors brutalement victime d’un accident et se retrouve à l’hôpital. Une fois sorti d’affaire, le constat est sans appel : il n’a plus aucun souvenir ni de sa famille, ni de ses amis, ni même de Linda. Commence alors un douloureux réapprentissage de la vie pour le jeune homme qui se sent étranger même chez lui. Finalement il décide de partir pour Tokyo afin d’y entrer à l’université, le but étant de se plonger dans un milieu inconnu où il ne sente plus le poids des souvenirs perdus. C’est à ce moment-là que l’anime lui-même débute avec son entrée à l’université.

Un peu perdu, il rencontre par hasard Mitsuo Yanagisawa, lui aussi nouvel élève de la promotion de droit avec qui il sympathise très vite. Cette amitié naissante va lui permettre de rencontrer Kaga Koko, jeune femme impétueuse, capricieuse et un peu folle qui fait une vraie fixation depuis l’enfance sur Mitsuo qu’elle connait bien. On peut le dire c’est une vrai2978462959_1_24_KzorgArN stalkeuse ! Banri va petit à petit s’intégrer sans problème à son nouvel environnement en s’entourant d’amis et en intégrant un club où il retrouve finalement Linda partie elle aussi pour Tokyo, mais un an plus tôt, sans la reconnaitre dans un premier temps bien entendu.
Finalement Banri qui est sous le charme de Koko va finalement voir ses sentiments devenirs réciproques et alors qu’il avait tout pour être heureux sa mémoire perdue va commencer à faire de brèves apparitions. Le souci c’est que lors de ces phases il oublie tout de sa nouvelle vie…L’ancien Banri aime Linda, le nouveau aime Koko et il comprend rapidement qu’il risque de tout oublier depuis l’accident si sa mémoire revient complétement. Va s’ensuivre une longue et stressante lutte entre ses deux vies qui l’amènerons à vivre des moments difficiles et à finalement faire un choix.
Golden Time est un anime soigné et plutôt joli visuellement avec des personnages haut en couleurs et de nombreuses situations comiques malgré le tragique apparent de la situation du personnage principal. Le personnage de Koko est à lui tout seul à la fois une vrai réussite de design et apporte un vent de folie tout du long des 24 épisodes. Le fait pour une fois de suivre une romance dans un cadre universitaire plutôt que lycéen est aussi un plus puisqu’on évite ainsi quelques clichés récurrent dans animes sentimentaux.

six-half-01Le second titre est le manga Six Half de Itekani Ricaco publié en 11 volumes (terminé) chez Shueisha et publié en France chez Delcourt (9 tomes en cours). Là je ne risque pas de spoil l’histoire dans la mesure où j’ai commencé la série que récemment et que je n’ai encore lu que les trois premiers tomes (mais qui m’ont suffisamment marqué pour que j’ai du coup envie de mettre la série en avant).
Ici à nouveau tout commence par un accident, on ne perd pas la mémoire dans son lit en général surtout quand on est jeune, un accident de moto que va vire Kikukawa Shiori et qui va lui faire oublier sa vie antérieure. Aucun souvenir de son grand frère qui s’occupe d’elle et de sa sœur, ni de son père décédé et de sa mère partie depuis longtemps et encore moins de son beauf de petit ami et de ses « amies » du lycée. Ici contrairement à Golden Time où le personnage principal tente de fuir pour se reconstruire une vie, on suit Shiori qui redécouvre petit à petit qui elle était et les conséquences que son attitude passée ont eu sur ses relations avec son entourage.six-half-1-case A première vue la Shiori d’avant l’accident était ce qu’on pouvait appeler une vraie connasse, détesté par sa petite sœur, jalousée par ses « amies » et convoité par les garçons. Le problème c’est que la nouvelle personnalité de Shiori est en contradiction avec tout ça et cherche à se rapprocher de sa famille tout en s’éloignant de son ancienne vie. Certaines personnes n’hésitent d’ailleurs pas à tenter d’exploiter sa mémoire absente pour la mettre en difficulté.six-half-1-01 Dans quelle mesure Shiori va-t-elle arriver à concilier sa vie passée et sa personnalité présente, a-t-elle le droit de se créer ainsi une nouvelle vie en faisant table rase de ses actions passée bien qu’elle ne se sente aucun lien avec cette autre Shiori ? J’aime beaucoup la façon qu’à le titre d’exploiter l’accident initial pour tenter de redéfinir les rapports entre les personnages, certains acceptent facilement la nouvelle Shiori à première vue comme son frère, alors que pour d’autres c’est plus difficile comme pour sa sœur ou son petit-ami au moment de l’accident.
Graphiquement on est dansix-half-9-delcourts un style plutôt typé shojo avec l’accent mis sur les personnages et notamment leurs visages (avec des grands yeux) afin d’y véhiculer le plus d’émotions possibles et restent dans la moyenne du genre sans être exceptionnels. Ici c’est vraiment le traitement des personnages et l’histoire qui font l’intérêt de l’œuvre plus que la qualité du dessin au final. On est curieux de voir où sa nouvelle vie va la mener d’autant plus qu’elle tente de se lancer dans une carrière de mannequin en parallèle de ses études, un héritage de l’ancienne Shiori.

Au final deux bons titres sentimentaux et relatifs aux relations humaines à première vue si simples et pourtant si compliquées. Le bouton reset peut-il apporter du positif au-delà de toutes les contraintes négatives qu’il induit ?